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3S^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

quement retenir : un fil, une sensation tenant encore à mon tout, et qui peut devenir un chemin pour la veille aussi bien que pour le sommeil.

Une fois endormi, je ne puis plus me réveiller volontairement, je ne puis voir le réveil comme but. J'ai perdu la vigueur de regarder quelque chose comme un rêve.

Il faut attendre la fissure de jour, le soupirail qui me livrera tout mon espace, le brin conducteur qui ramène à l'état où les efforts rencontrent les choses, où la sensation détermine un point commun entre deux visions. Elle est un point double appar- tenant à la fois à un objet et à mon corps; ou à une chose une mais aussi à un nœud de fonctions de moi.

En rêve, les opérations ne s'échafaudent pas, ne sont pas perçues comme facteurs indépendants. Il y a séquences, non conséquences. Pas de buts, mais le sentiment d'un but. Nul objet de pensée ne s'y forme par le rassemblement manifeste de données indépendantes, de sorte qu'il doive claire- ment son existence à une différence de "réalité ", à une machine finie. Dans la veille, reconnaître A est un phénomène qui dépend de A, tandis qu'en rêve, je reconnais souvent A dans l'objet B. La reconnaissance ne résulte plus d'un choc actuel : mais elle est de la suite même du rêve, au titre d'un objet quelconque y compris.

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