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��UNE BELLE VUE
(Suite). VIII
Eh bien ! tout n'était pas perdu, et jusqu'à la fin d'Août, le temps se maintint au beau fixe sur la terre comme dans le ciel. Après s'être monté au paroxysme, mon père traversait une période de dépression, et par bonheur M, de Chaberton n'était pas là pour l'aiguillonner. Il ne soufflait plus mot de la plantation. Deux ou trois personnes lui ayant parlé de son dessein, dont elles avaient eu vent grâce sans doute à quelque commérage de M. Servonnet, il parut contrarié et répondit évasivement.
Ce n'était point qu'il ne gardât une idée de derrière la tête. Parfois lorsque je l'accompagnais dans ses prome- nades, il s'arrêtait longuement devant son mur, et les pêches qui rougissaient sur l'espalier n'étaient assurément pour rien dans les bougonnements qu'il faisait entendre en mâchonnant sa moustache. Il réfléchissait. Des scrupules, des craintes, avaient dû lui venir. Et je pensais que j'avais été bien naïf de désespérer, et qu'il y a loin entre les paroles et les actions d'un homme faible qui souvent recourt aux affirmations véhémentes pour se convaincre lui-même de fermeté. Combien de fois, par exemple, n'avait-il pas juré de mettre bon ordre à ma camaraderie avec Prosper ? Et pour ne point me chagriner,
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