Aller au contenu

Page:NRF 1909 11.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

UNE BELLE VUE 37I

il s'en était tenu aux menaces et m'avait laissé prendre maintes leçons de turbulence.

Bien mieux, les relations avec M. et Mme Davèzieux ne semblaient pas avoir souffert d'un incident que nous avions pourtant des raisons majeures de ne pas oublier. Mais le pardon des injures est le fait du chrétien. Le dimanche, lorsque nous nous rendions à la messe de Saint-Clair, il était fatal que, soit à l'aller, soit au retour, nous fussions obligés de cheminer avec nos voisins. Or, les choses se passaient tout comme devant : les physionomies ne révélaient aucun sentiment nouveau, et aucune allusion n'était faite au passé.

A maints égards, le dimanche prenait dans mon existence uniforme une importance considérable. Et d'abord c'était la journée du Seigneur, laquelle dans les familles pratiquantes conserve une traditionnelle solennité. On " s'habillait " dès le matin. Les vêtements de céré- monie imposant de la tenue, quelque gêne et certaine circonspection, mes jeux se trouvaient suspendus aussi bien que mon travail. Enfin, ce qui faisait compensation, l'on voyait du monde. On en voyait dès le matin, à la messe, puis l'après-midi à Longval, le "jour" de bon papa étant devenu le nôtre par la force de l'habitude. Bien que je fusse naturellement plutôt timide, un penchant fort vif me portait à observer les grandes personnes et à écouter leurs conversations. Me laissant oublier de mon mieux, je fusse resté des heures dans mon coin, l'œil ouvert et l'oreille tendue. Je ne mettais à cela nulle indiscrétion et à peine pensais-je à m'instruire. Je m'amusais tout bonnement comme à Guignol.

La commune de Saint-Clair devenant l'été un centre

�� �