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Page:NRF 1909 11.djvu/56

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392 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

comme des mouches autour du char paralytique. Ce qui fut dit entre eux, je n'avais malheureusement pas un pouvoir égal à mon désir de le lire sur leurs lèvres. Mon oncle ne se mettait d'ailleurs en frais ni d'attention, ni d'éloquence. Soucieux, le front barré, il écoutait distraite- ment et répondait de même tout en se fourrageant la barbe, et sans quitter une minute des yeux l'objet prin- cipal de ses préoccupations. L'entretien ne fut pas long. Sur un haussement d'épaules qui y mettait fin, le savant se leva, et, laissant son frère se reposer sur le banc, revint à sa machine et entreprit d'en démonter quelque ressort intérieur. Mais la brise fraîchissait. Mon père, bien qu'il eût endossé coup sur coup deux pardessus, craignit de s'enrhumer. Il aima mieux se remettre en route encore las, que demeurer immobile dans ce lieu éventé. Nous partîmes donc, et notre départ fît tout aussi peu de sensation que notre arrivée.

De retour, nous trouvâmes maman assise devant la maison et prenant un repos bien mérité. Comme toujours en pareille circonstance, la joie du devoir accompli éclairait son visage. Mon père décrivit avec respect le spectacle dont nous avions été témoins. Il m'avait déjà démontré tout le long du chemin les conséquences incalculables de l'invention de mon oncle, si celui-ci la menait à terme.

Maman parut un peu sceptique :

— Hippolyte entreprend tant de choses !..

Elle voulait dire par là qu'il n'en achevait aucune. La belle afîaire ! Mon père réfuta la critique :

— Hippolyte est un précurseur. Il a ouvert les voies à vingt découvertes... D'autres auront peut-être à sa place gloire et profit... Mais le véritable savant est désintéressé....

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