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Page:NRF 1909 11.djvu/57

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UNE BELLE VUE 393

Ensuite, il confessa que sa visite avait été plutôt inopportune. Il ne se plaignit pourtant pas de l'accueil qu'il avait reçu à Mauvent, accueil si désinvolte que j'en avais été mortifié pour lui. Il prenait toute la faute à son compte. On ne va point ennuyer de ses petits intérêts un homme qui a la tête grosse d'un monde, ni soumettre il Salomon un procès qu'un enfant trancherait.

— Hippolyte, conclut-il, ne pouvait que m'approuver.

— Mon Dieu ! dit maman avec une douceur insi- nuante, le contraire eût été surprenant. Que tu plantes ou ne plantes pas, que veux- tu que ça lui fasse ?... Ce n'est pas lui que tes arbres gêneront... D'ailleurs, entre toi et les Davèzieux qui ne sont ni de ses parents ni de ses relations...

— Voyons, Marie ! interrompit mon père, d'un ton de reproche ; on dirait vraiment que tu ne connais pas Hippolyte. Il voit les choses de plus haut que cela. Lorsque je fais fausse route, il n'est pas, tu le sais bien, le dernier à me reprendre.

Elle ne répondit point et garda un vague sourire au coin des lèvres. Elle savait surtout que l'infaillibilité du grand homme était un article de foi pour son mari. Mais elle se refusait, c'était visible, à partager la superstition de ce dernier. Elle en voulait à son beau-frère d'avoir perdu une belle occasion de manifester sa fameuse sagesse. Avec un air de n'y pas toucher, elle avait eu pour lui quelques réflexions assez dures.

J'admirais sa perspicacité. Elle n'était pas sortie de chez elle et n'ignorait pourtant rien de ce que j'avais cru discerner sur la physionomie de mon oncle. Celui-ci se désintéressait totalement d'une question qui ne le

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