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Page:NRF 1909 11.djvu/67

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UNE BELLE VUE 4O3

S'il était une visite surérogatoire aujourd'hui, c'était bien celle des cousins Becquet. Ils auraient pu attendre trois jours, et nous voir commodément à la ville. Mais ils ne reculaient devant rien, afin de témoigner d'un zèle méritoire. Tout dégouttants, les pieds crottés, ils firent une entrée lamentable qui plongea maman dans la cons- ternation, mais eut du moins le mérite de rompre une conversation que mon père endurait comme un supplice.

M. et M™*^ Davèzieux se levèrent. Ils prirent congé, l'un faisant le bon garçon, l'autre tout miel. Le cœur gros, je serrai la main à Prosper, avec qui je n'avais pas échangé dix paroles. Notre dernière entrevue n'avait rien eu de folâtre, et Dieu sait maintenant ce que l'avenir nous réservait ! Lui semblait ravi, sinon de me dire adieu, du moins d'en avoir fini avec cette trop longue séance d'immobilité. Et puis, ce n'était pas un sentimental.

Les Davèzieux à peine sortis, M. de Chaberton re- monta sur ses grands chevaux.

— Quelle petitesse ! On n'a pas idée de ça !... Plus je vais, plus je prends en horreur les gens communs !... Voyez-vous les embarras de ces parvenus ! Ça sort on ne sait d'où et ça se permet de critiquer les de Champdieu...

— Vous êtes bien bon d'y attacher la moindre impor- tance, dit madame de Chaberton, née de Sérigny, avec un air de suprême dédain.

— Le fait est... Mais il convient tout de même de leur rabattre le caquet... Pour commencer, nous allons voir leur nez lorsque Landry leur aura bouché la vue. Sale conp pour eux, mais ils ne l'auront pas volé.

Il se tordait. Mon père se mit presque en colère :

— Je vous en prie, Chaberton ! Ne travestissez pas mes intentions !

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