Aller au contenu

Page:NRF 1909 11.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

402 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

point le débat. Voulait-il donc la taire, ou bien ne pouvait-il pas la proclamer ?

Acculé dans ses derniers retranchements, M, Davèzieux convint qu'il se bornait à répéter ce que tout le monde disait. Il ajouta :

— Notre ami Landry, qui est la bonté même, n'aime pas à parler de ces histoires-là. Mais pour qu'il ait rompu avec Tourneur, son ami et son parent par alliance, il faut qu'il ait eu des raisons exceptionnellement graves. Il nous a dicté à tous notre ligne de conduite. Qu'il reçoive demain les Tourneur, et toutes les portes leur seront ouvertes. On sait que Landry a des principes avec lesquels il ne transige point.

On sentit bien à quoi il prétendait surtout faire allusion en appuyant sur le mot " principes ". Par suite, mon père, peu touché des flatteries précédentes, repartit avec humeur :

— Laissez donc ! Le passé est le passé... A quoi bon ressasser éternellement les mêmes rengaines ?...

Cela n'empêcha point M. Servonnet de placer son mot. On lui avait affirmé tout dernièrement que Madame Tourneur avait donné des leçons de chant ; elle possédait encore, paraît-il, une voix magnifique.

— Et vous ne devineriez jamais de qui je tiens le détail ? M. Davèzieux lui coupa son effet, fort incivilement :

— Mais si, mais si, fit-il : De monsieur le curé. Vous me l'avez raconté la semaine dernière. Seulement, permettez-moi de vous redire que notre curé n'est pas une autorité. Brave homme, mais pas fort, sinon aux dominos. Il gobe tout ce que Tourneur lui serine en lui faisant sa partie.

�� �