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Page:NRF 1909 11.djvu/70

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406 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nation se soumet à ses lois et leur obéit. Si elle les chérity si elle les observe^ parce qu elles lui paraissent émanées d'une source sainte^ le don des générations dont elle révère les mânes^ elles se rattachent intimement à sa moralité; elles ennoblissent son caractère; et lors même qu elles sont fautives^ elles produisent plus de vertus, et par là plus de bonheur que des lois meilleu- res, qui ne seront appuyées que sur l'ordre de F autorité, y ai pour le passé, je F avoue, beaucoup de véné- ration; et chaque jour, à mesure que l'expérience m'instruit ou que la réflexion m'éclaire, cette vénération augmente. Je le dirai au grand scandale des modernes réformateurs, qu'ils s'intitulent Lycurgues ou Charle- magnes, si je voyais un peuple auquel on aurait offert les institutions les plus parfaites, métaphysiquement parlant, et qui les refuserait pour rester fidèle à celles de ses pères, f estimerais ce peuple, et je le croirais plus heureux par son sentitnent et par son âme, sous ses institutions défectueuses, qu' il ne pourrait l' être par tous les perfectionnements proposés.

Benjamin Constant.

De l'Esprit de Conquête, (1813).

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