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Page:NRF 1909 11.djvu/71

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��JOURNAL SANS DATES

��Hier, je rentre de la campagne. Je me promets d'ins- crire dans ce carnet le compte de mes journées. C'est mon livre de bord. A plusieurs reprises déjà j'ai tenu semblable registre ; mais je le tenais pour moi seul. J'ai promis celui-ci à la Nouvelle Revue Française. Puisse, au pressentiment des regards du lecteur, ma pensée ne pas trop se contrefaire.

Salon d'Automne, où l'on donne le Quintette de Florent Schmitt. Courte promenade dans les salles du premier, en remâchant la phrase de Spinoza : " En toute chose r excellent est autant difficile que rare. " De salle en salle que d'infatuations, de suffisances ! et que l'on sent tristement, devant ce minimum d'exigence, que le pro- blème de l'œuvre d'art, c'est qu'elle soit de plus en plus particulière à mesure qu'elle devienne de plus en plus parfaite. Combien de ces artistes dont V imperfection seule est " personnelle " et qui, forcés de pousser l'œuvre plus avant l'amèneraient à l'insignifiance.

Paul Laurens me disait naguère, parlant d'Ingres : " C'est par sa perfection qu'une œuvre de lui se distingue d'une œuvre de ses disciples. Avant que d'être parachevée

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