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Page:NRF 1909 11.djvu/74

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4IO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tout droit au martyre ; et du reste ce jeune homme s'il est " doué comme Nietzsche " (serait-ce M. Lasserre lui- même ?) n'accepterait pas de " conseils ".

  • ' Daniel Halèvy nous raconte Pexistence^ non seulement

malheureuse^ mais lamentable^ absurdement conduite (oh ! je ne doute pas que M. Lasserre ne conduise la sienne bien mieux!) d'un humoriste de génie ^ raté supérieur^ dont V insuccès littéraire exaspéra la névrose et dont la faiblesse s^ abandonna furieusement au vice de solitude.

J'espère que je comprends mal la dernière phrase... Ah ! " frappez au visage, " M. Lasserre, comme le con- seillait César, et n'empoisonnez donc pas de calomnie votre épée !

Besoin de ravilir son ennemi, signe certain d'un petit caractère. Un esprit noble et valeureux veut son ennemi le plus grand, le plus redoutable possible — que dis-je ! le plus noble, et ne se bat qu'avec ses pairs. Il ennoblit ceux qu'il combat. — Nietzsche dit tout cela quelque part.

Je crains bien que M. Lasserre ne sache jamais plus combien j'aimais son " Romantisme " ! Après ce livre on pouvait espérer de lui une saine, alerte et très judicieuse critique. Mais le voici tout d'un côté ; il verse. C'est un écrivain de parti. Il pouvait être tout Français ; il devient d'intérêt local. C'est dommage.

J'appelle critique de parti, celui qui juge l'étofFe non à sa qualité mais à sa couleur. (Peu m'importe du reste qu'il préfère ou le blanc ou le rouge.) Tout ce qu'on peut souhaiter de mieux pour lui, c'est qu'il soit bête, et

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