trop tôt encore, et nous buvons le breuvage dans la féerique coupe d’or, sans savoir quelle main y a versé les gouttes qui le font si amer.
E. J.
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M. Jean Viollis consacre à Charles Guérin une étude, parue au Mercure de France, où la figure du poète du Semeur de Cendres et de l’Homme Intérieur est évoquée avec l’émotion pieuse et contenue d’une amitié sincère, et qui ne s’est point consolée. Ce livre où M. Viollis rappelle l’enfance, la vie, le travail du poète disparu, atteindra son but : accueilli avec intérêt par les amis de Charles Guérin, il fera désirer le mieux connaître à ceux qui jusqu’ici ne l’avaientqu’effleuré.
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LA VIE DE FREDERIC NIETZSCHE, par Daniel Halévy (Calmann Lévy).
Enfin voici non plus une notice biographique, non plus une analyse de l’œuvre, mais l’histoire même de l’âme, la reconstitution du drame intérieur le plus pathétique, et qu’un lecteur, même attentif, des livres et de la correspondance de Nietzsche n’arrive pas toujours à faire revivre, faute d’un certain sentiment de continuité et d’un souci constant des dates.
L’avenir nous apportera sans doute des études plus complètes ; je ne sais si nous en aurons de plus vivantes. La connaissance directe des lieux où vécut Nietzsche, des personnes qui l’ont approché, des traditions orales qui subsistent encore, apporte à cette biographie des éléments d’émotion personnelle et l’entoure d’une atmosphère d’humaine vraisemblance. Il est trop simpliste, vraiment, d’invoquer à tout propos la catastrophe finale et de résoudre toutes les contradictions apparentes de conduite et de doctrine en y cherchant des germes de folie. Interrogeant patiemment les lettres, les réponses, recherchant les états de santé, les crises de sensibilité, le