424 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
pas impunément un "grand sujet" faire irruption dans une comédie. La thèse accapare l'attention, déchaîne un grand tapage de louanges et de blâmes ; les articles cléricaux répondent aux francs-maçons. Je sais bien que cela fait de la réclame — mais pour tout au monde, sauf pour la pièce. Celle-ci a disparu. Le " grand sujet " a mangé la petite comédie.
Il y a dans ce grossier malentendu de la faute de M. Jules Renard. Pourquoi avoir intitulé sa pièce La Bigote plutôt que Le Mangeur de Curé ? N'y avait-il pas de titres neutres ? Ce qui aggrave nos arrière-pensées, c'est un article de l'auteur lui-même où faisant face à la tempête, il déclare tout net qu'il prend parti pour M. Lepic. Eh bien, non, malgré sa sympa- thique rudesse, M. Lepic est insupportable et il étale autant de cabotinage que Mme Lepic d'hypocrisie.
L'intérêt ne réside que dans la déformation de ces deux caractères, l'un tout en épines, l'autre tout en écorce, défor- mation qui eût été la même si l'ingérence de quelque " belle- mère" avait remplacé celle du clergé, ou si une incompati- bilité d'humeur un peu accentuée avait brouillé le ménage. Les causes de la dispute sont assez accessoires. Nous sommes venus pour juger des attaques, des ripostes, pour nous émou- voir des blessures. Celles-ci ne sont que trop réelles. De quelles touches fermes et délicates sont indiquées, dans le cœur des enfants, les ravages du conflit de famille : d'une part le tourment de la jeune fille qui hésite entre ses parents; de l'autre, la trop grande assurance du fils qui, lui, prend parti avec une excessive facilité. Mais l'acuité précise du dessin de M. Jules Renard suppose chez le spectateur une Ubre curiosité et une vue qu'aucune passion personnelle ne trouble : que l'auteur ne fasse pas son possible pour mal orienter l'une
et voiler l'autre !
J. S.
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Nous apprenons avec plaisir que M. Ochsé, le subtil poète
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