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$$6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

LE SOLITAIRE DE LA LUNE par François de Curel. (Bibliophiles fantaisistes.)

Les Bibliophiles fantaisistes consacrent, cette fois, leurs soins d'éditeurs à un ancien conte de François de Curel, antérieur, je crois, à tous ses drames, et qui nous reporte aux premiers temps du Symbolisme. Comment Dieu choisit une " séduisante occasion d'expérimenter si un être supérieur, soustrait à l'influence de ses pareils, ne pouvant plus ni les aimer ni les tuer, donnerait enfin le spectacle unique d'une personne raisonnable fidèle à sa mission " ; comment Clotar, soustrait au changement, inaccessible à l'ennui comme au plaisir, et confit en béatitude inerte, n'élève pas une pensée vers le ciel ; comment, devenu sur terre un dieu des hommes, il s'élève par l'amour et par le doute à la conscience du Mal universel, et s'en affranchit enfin, non par l'adoration, mais par le suicide ; — c'est une histoire qui, pour nous captiver, exigerait à la fois plus de magnificence verbale, et des rapports plus visibles avec nos propres destinées. On peut voir ici tout ensemble quelles furent dès le début, chez M. de Curel, l'amour de l'abstraction, l'hypertrophie de l'idée, — et com- bien la forme du drame convenait mieux que celle du récit pour ramener ce métaphysicien vers la vie.

M. A.

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TRAGI-COMÉDIE D'AMOUR par George M eredith, traduc- tion de M. M. Claude et Joël Ritt. (Juven).

De l'œuvre de George Meredith, André Ruyters a parlé ici même, en familier et des grands auteurs anglais et de leur langue, comme il fallait. C'est un ignorant qui prend la parole aujourd'hui, qui ne connaît de Meredith que le peu qu'on a bien voulu en traduire. — L'Essai sur la Comédie l'a déçu, en dépit d'une version excellente, dit-on. Aux poèmes, traduits par André Fontainas aussi bien que l'on peut traduire des poèmes, il a su se plaire autant qu'on peut se plaire à des poèmes tra- duits. Enfin il s'est jeté sur le mot à mot monstrueux que l'on

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