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538 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

intérieur. A-t-on vu quelque part pareille maîtrise de l'intelli- gence, pareille prise de possession du réel ?

Héros orgueilleux et passionnés, à quelle distance sous lui il vous tient abaissés, le poète ! Et vous êtes pourtant de hautes exceptions ! Imagine- t-on maintenant l'humiliation qu'il fera subir à de piètres hommes, le romancier de Clotilde et d'Alvan, le jour où il s'amusera à scruter la médiocrité de leur âme et de leur pensée, le jour où il écrira l'Egoïste par exemple !... Mais cet Egoïste quand le lirons-nous ?

Il est difficile d'aimer un esprit si peu spontané, si maître de tout et de soi. Il est permis de préférer la " nature " si intellec- tuelle pourtant, d'un Dostoïewsky ou d'un Hardy même... Mais il est impossible de ne pas admirer comme la perfection suprême d'un art d'objectivité littéraire, cette Tragi-comédie d'Amour où le sang vermeil de la vie coule, notons-le bien, et chauffe et bat, — et n'a été, miracle singulier, ni tari, ni desséché par l'analyse. C'est là le trait par lequel il convient de clore cet aperçu rapide : oui, le froid Meredith semble pourtant laisser vivre, ses personnages : sa main, qui tient les fils, les mène de si haut. H. G.

��LES AMOURS ET NOUVEAUX ESCHANGES DE PIERRES PRÉCIEUSES par Rémy Belleau (Sansot) et LES PLUS BELLES PAGES DE TRISTAN l'HERMITE (Mercure).

Avec le soin typographique dont il a déjà donné bien des preuves, M. van Bever réédite les Amours et Nouveaux Eschan- ges de Rémy Belleau en même temps que les " plus belles pages" de Tristan l'Hermite. Un hasard de librairie rapproche ainsi deux poètes qui passèrent, à quatre-vingts ans d'inter- valle, pour avoir cultivé avec le plus d'éclat les Muses Boca- gères.

La chance a favorisé Rémy Belleau. Le seul fait d'apparte- nir à la Pléiade lu* vaut une sorte de gloire. Nul lycéen qui ne soit censé connaître son nom, nulle anthologie qui ne contienne son Avril. Avec Rémy Belleau, dit Brunetière, l'on dirait assez

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