550 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
QUELQUES PANNEAUX DÉCORATIFS de Maurice Denis.
L'autre mois, on put entrevoir à la Galerie Druet quelques
panneaux décoratifs de M. Maurice Denis, destinés à aller
compléter en Russie le très important ensemble de la Légende
de Psyché qui fut exposé en 1908 au salon d'Automne. Les
deux plus grands, l'un un peu trop académique, l'autre admira-
rablement conçu, rythmé et éclairé, sans rhétorique à la
Raphaël, sans aigreur de teintes, ne nous révélaient pourtant
rien que nous ne sachions du prodigieux talent décoratif de
M. Maurice Denis. Mais où son art s'affirmait d'une façon
inattendue, c'était en quelques hauts panneaux de grisaille
figurant dans leurs niches de gracieuses statues, et percés vers
le haut, comme de baies fictives, de trouées lumineuses et
polychromes par lesquelles tout le jour du dehors semblait
entrer. Un vif azur, un nuage d'argent, de blanches colombes
posées, un vase de fleurs retombantes, de ce simple accord de
couleurs soutenu par une basse grise, quelle sonorité rare et
pleine à la fois sut tirer l'artiste. Et peut-on oublier cette
statue de l'Amour dont l'arc dressé semblait menacer de sa
flèche des colombes vivantes. L'ingéniosité de l'invention est
égale ici à la maîtrise des couleurs et des formes. Cet artiste
exquis et complexe, si raffiné daus la moindre de ses études,
moins à l'aise dans ses tableaux de chevalet qui ne sont le
plus souvent que des panneaux décoratifs en réduction, est
tout à fait, est amplement lui-même quand il s'attaque à de
grands murs. Souhaitons que nos compatriotes, comme les
Russes, ne tardent pas à l'employer.
H. G.
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LES AQUARELLES D'ITALIE de Pierre Laprade.
Ceux qui ont découvert, inventé, soutenu le peintre Pierre Laprade doivent se réjouir: l'événement leur donne raison. Notons bien qu'il n'avait échappé à personne et dès l'abord, ce don de charme et de mélancolie légère, don poétique au
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