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DU VERS FRANÇAIS 43 1

des XV e et XVI e siècles imposait une scansion fausse, une déclamation contraire à l'usage, et par suite fut abandonné depuis l'époque de la guerre de Trente Ans. Dès lors les traits qui distinguent en allemand les " vers libres " : — absence de la rime (toujours accessoire), variation du nombre des syllabes, et parfois, d'un vers à l'autre, dépla- cement des accents forts, passages des iambes aux trochées — n'empêchent point que chacun des vers, pris à part, ne puisse être transporté dans une suite de vers réguliers. Le retour vers des formes moins hardies reste donc toujours, pour Gœthe ou pour Heine, aussi naturel qu'a pu l'être, pour La Fontaine, après les vers inégaux de ses Fables, le retour aux alexandrins de ses Epîtres.

Revenons en France, pour n'en plus sortir. En passant sur la Cantilhne de Sainte Eu/a/ie, romane et presque latine, on avouera que les plus anciens vers français, celui de la Chanson de Roland comme celui du Roman d'Alexandre, ne se définis- sent pas autrement que par l'assonance finale, le nombre des syllabes, la place de la césure. La Pléiade, renonçant vite à ses essais de métri- que ancienne, a déterminé pour l'âge classique cet alexandrin que le Romantisme devait assouplir et renouveler. L'essentiel à mes yeux n'est pas que des métriciens scolaires aient prétendu fixer à tout jamais les règles des vers français. Ce qui m'im- porte, c'est que, des siècles durant, nos poètes —

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