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��2O0 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

œuvre d'art aussi inopinément réussie que sa " Femme au tub," par exemple, ou que ses " Trois Grâces " — (qu'il intitule on ne sait trop pourquoi " L'eau de Cologne " et " Le paon. ") — ou que certains de ses paysages.

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��L'EXPOSITION SERUSIER.

Paul Sérusier expose pour la première fois un ensemble considérable de ses œuvres. Très connu en Allemagne et en France où l'on sait depuis longtemps le rôle qu'il a joué dans le mouvement symboliste de 1889, la piété et l'intelli- gence avec lesquelles il conserva et continua les enseignements de Paul Gauguin, il n'avait encore montré de peinture au public que dans les expositions annuelles des Indépendants. Ce fidèle élève de Gauguin doit surtout sa réputation à ses dons de professeur. Il a été le théoricien du groupe qui, sorti des ateliers Julian vers 1890, a fait depuis quelque bruit dans le monde : ce groupe, composé de MM. Bonnard, Maurice Denis, H. G. Ibels, K. X. Roussel et Vuillard a subi, à une certaine époque, et à des degrés divers, la secousse des idées synthétistes et symbolistes de Sérusier.

Son exposition fut donc, comme on devait s'y attendre, le résumé d'une série de recherches esthétiques et techniques partant de l'influence d'abord directe de Gauguin, jusqu'à une conception plus personnelle, mais toujours très théorique et très idéaliste de l'Art. L'ensemble un peu disparate se ressen- tait de la diversité des expériences. Le charme des premières études faites en Bretagne, à l'époque où Gauguin y attirait des disciples, vient surtout de la fraîcheur des harmonies de cou- leur où le vert domine. Déjà apparaissent dans les œuvres de cette époque dés déformations caractéristiques de la figure humaine. Sérusier est, au point de vue de la plastique, plus près des gothiques, et en particulier des vieux sculpteurs bretons, que des Grecs ou des Egyptiens, — dont il a cepen- dant supérieurement compris l'art de hiératisme et de symé-

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