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��NOTES.

��EXPOSITION PIERRE BONNARD.

Il y avait décidément là mieux que de l'esprit et du don.

Nombreux sont les artistes qui posent, de vingt à trente cinq ans, d'amusants et déroutants problèmes, dont l'œuvre paraît d'abord d'autant plus personnelle, neuve et initiatrice, qu'elle reste moins réalisée.

Ils requièrent notre attention aussitôt ; mais notre considé- ration du moins ne commence que s'ils savent, apprivoisant pour ainsi dire notre étonnement premier, imposant à notre inquiétude, trouver à leur nouveauté même une raison d'être authentique, une assiette assurée, et composer enfin la solution du problème que leur tempérament leur proposait — solution qui ne peut être qu'une oeuvre d'art solide, dense, équilibrée.

Pour ceux qui manquent de fonds secrets, rien de ruineux comme l'originalité.

On pouvait craindre de M. Bonnard, ou que son humour l'emportant, il ne s'émancipât de plus en plus en des œuvres de moins en moins pondérées, ou que, par peur de sa fantaisie, il ne tentât de réduire sa fougue et ne sacrifiât, pour une sagesse empruntée, quelques unes de ses qualités les plus char- mantes... Mais non ; M. Bonnard n'a rien réduit, rien sacrifié de lui-même ; jamais il ne s'est montré plus vivant, plus amusant, plus neuf ; et pourtant, désormais, quel calme dans ses œuvres, quel équilibre, quelle assurance !

Décidément il y avait en lui plus d'intelligence encore que d'esprit et cette sorte de sagacité des sens, à la fois instinctive et raisonnée qui, des dons les plus particuliers, les plus émancipés en apparence et les plus fous, a su former une

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