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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

n’entraîne pas nécessairement celle de l’œuvre. Conclure de l’une à l’autre c’est risquer de laisser s’établir une dangereuse confusion dont M. de Faramond, dans son apologie de La Dame qui ri est plus aux Camélias, publiée par la Grande Revue, ne semble pas s’être suffisamment gardé.

Quelques inventeurs méconnus tiennent volontiers pour certaines leurs propes découvertes, si d’autres ont échoué là où ils s’efforcent eux-mêmes. Pour détenir la vérité cependant, il ne suffit pas que nous répudiions l’erreur commune. Et l’on nommerait trop aisément « novateur » celui-là qui ne fait pas ce que firent ses devanciers… M. de Faramond semble tenir par-dessus tout au titre de « novateur ». Or, telles apparaissent l’indigence, la bassesse ou l’absurdité de la production dramatique ordinaire, qu’un auteur, en effet, semble apporter au théâtre des éléments exceptionnels s’il a de la gravité, de la noblesse, un esprit juste et pénétrant.

M. de Faramond fut cet auteur. Il refusa l’instrument avili que lui présentait la routine. On reconnaît en lui les qualités morales qui l’opposèrent à ses contemporains. Isolé, il se crut un peu trop prodigieux. Il voulait le ton juste, l’accent plein, le rythme ample, et résolut, pour créer, de se contraindre. Des motifs de sa discipline intérieure il façonna les arguments d’une théorie qui devait l’aider, au départ, à prendre