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tre, — parce que vous prévoyez à leur place, le murmure et l'applaudissement, toutes les réactions du public dont vous croyez être les maîtres et qui régentent, pour ainsi dire automatiquement, votre spontanéité. Vous avez d'avance dans l'oreille, avant que n'aient parlé vos personnages, le ronron théâtral. S'il vous arrive de décevoir la foule, ce n'est point pour vous être écartés des règles vulgaires, c'est pour les avoir appliquées grossièrement, et faute de cette virtuosité qui fait des plus heureux d'entre vous d'impudents jongleurs.


En condamnant ici une littérature qui n'est que théâtrale, on n'entend pas méconnaitre cependant les exigences d'une " forme spéciale ", ni la légitimité des règles qui ont formé Racine et Molière. Et nul plus que nous n'est ennemi de ce qui, dans le drame, voudrait indûment se substituer au mérite dramatique, je veux dire certains raffinements littéraires ou des plaidoyers philosophiques et moraux, ou même ces discours psychologiques reliant entre eux des épisodes de mélodrame.

Mais en faveur du vrai métier, si intimement associé à l'art qu'on ne l'en saurait distinguer et faute duquel rien ne se peut