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3^0 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

A propos de Colette Baudoche, encore une simple remarque que je m'étonne qu'on n'ait point faite déjà :

Asmus, le héros du livre, est un déraciné; c'est à cause de cela qu'il mérite la sympathie de Barrés et celle du lecteur. J'ajoute qu'il ne la mérite que pour cela. C'est grâce à son déracinement de la tête et des pieds, je veux dire : grâce à sa transplantation sur terre... française, et grâce à son contact avec la culture française, grâce à sa visite à Nancy — qu'il cesse d'être l'enraciné buté, le pangermaniste irréductible, le nationalisant qu'il était au début du récit et avec le double duquel Barrés le fait dialoguer ensuite, durant quelques pages qui sont parmi les plus habiles du volume.

J'ai déjà suffisamment exprimé ce que je pensais de la doctrine de Barrés, et que je la croyais bonne tout au plus pour les " provinces frontières. " Le sophisme dans lequel elle emprisonne l'esprit est si gênant, que voici que M. Barrés lui-même s'en délivre aussitôt qu'il ne s'observe plus — je veux dire : aussitôt qu'il ne s'agit plus de la France.

A. G.

��LE DEFAUT DE L'ARMURE ; par Albert Erlande.

Le moins que l'on pourrait reprocher au roman de M. Erlande, c'est de nous entretenir un peu bien longuement d'un personnage dont il faut reconnaître qu'il ne mérite ni tant d'égards ni tant d'attention. Quelque innocentes que soient ses illusions, si un jeune provincial qui se croit destiné à la littérature, s'étonne de ne point trouver à Paris l'or et la gloire auxquels il imaginait que son mérite lui donnait droit, il n'en reste pas moins que ses prétentions au fond étaient bien intéressées. Comment d'ailleurs saurions-nous compatir à ses déconvenues puisque nous ignorons tout de sa valeur et de son talent !.. Ecœuré des bassesses et des vilenies dont les milieux soi-disant littéraires lui offrent le spectacle, il est près d'accueillir avec soulagement la catastrophe qui, le privant de toutes ressources, l'oblige de regagner le pays natal. Pour la première fois, il y a le sentiment de son inutilité, de la vanité

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