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NOTES 39 ï

trop peu aussi de la part de notre Vermeer, M. Vuillard, M. Sickert du moins, s'il n'envoie qu'une note, l'a choisie infiniment rare et exquise, attendue cependant. Nous assistons plutôt à une récapitulation sommaire des résultats acquis, qu'à la révélation d'acquisitions nouvelles. Voici la maîtrise avérée d'un Roussel, d'un Denis, d'un Guérin, d'un Vallotton, la grâce nuancée d'un Lebasque, le charme boueux d'un Laprade, blond d'un Lacoste, la décision d'un Marquet, les recherches d'un Puy, d'un Manguin, d'un Friesz. Doit-on dire que M. Rousseau ou que M. Matisse progresse ? L'un a trouvé sa formule, l'autre sans cesse la trouve, puis laperd. M. Klingsor gagne en ampleur, en cohérence, M. René Juste en simplicité. M"" Marval, moins fade, se fait presque dure ; M"" Cousturier s'allège, mais devient divisionniste, pourquoi ? M. Signac fait la preuve de l'absolu de sa théorie. Les nus de M. Cross ne peuvent nous faire oubher les valeurs fortes de ses paysages feuillus. Voici encore M'"* Gobillard, Flandrin, Dufrénoy... Mais pourquoi prolonger une énumération fastidieuse ? Quand j'aurai signalé les tapisseries éclatantes, neuves et larges de Valtat j'aurai tout dit...

Il me semble plus important de remarquer l'influence de plus en plus dominatrice de Cézanne. Tandis que l'impres- sionnisme semble être entré dans la période historique et avoir dit son dernier mot, le synthétisme issu de Gauguin languit et traîne, non pour avoir épuisé sa vertu, mais faute hélas ! d'espace, et par inappropriation au milieu. Où y a-t-il des murs pour les décorateurs ? L'art de Cézanne au contraire — j'entends surtout l'art de ses natures mortes — synthétique aussi et décoratif, mais surtout réaliste et passionné de struc- ture et de caractère, prend naturellement le dessus. La con- quête nouvelle et comme progressive des vraies traditions de la peinture paraît y avoir abouti. Mais s'il fut bon, contre l'académisme triomphant, de rénover le sens de l'atmosphère, le goût de la lumière, de l'arabesque, de la couleur, de rendre à la peinture pure ses droits, Cézanne résumant l'effort anté- rieur de diaprure, de composition et de style, apporta un souci de plus, souci qui devint passion chez lui : la passion de

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