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322 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

culte du métier n'est autre chose que Tidolâ- trie du public. Les prétendus secrets du métier et ses règles, c'est, en dernière analyse, l'ensemble des habitudes du public imposées à des amuseurs.

Aussi bien le dramaturge sera-t-il, quelque jour, chassé du théâtre par les comédiens dont il est l'esclave et qui ont, en somme, encore mieux que lui " l'habitude de la scène et du public ". De plus en plus ils le supplantent, et leur métier empiète sur le sien. Quelques- uns se font auteurs. Les autres proposent des avis quand ils n'imposent pas leur collabora- tion. L'argot des coulisses prend force de lois esthétiques. Et toutes les pièces qu'on repré- sente ne sont-elles pas, plus ou moins, l'œu- vre des comédiens qu'elles glorifient seuls ? Elles ont leur tournure et leur grimace.

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��Le métier, sans l'art, qui est sa raison d'être, c'est une mécanique fonctionnant à vide. L'art privé du métier, qui lui assure force et durée, c'est un fantôme insaisissable.

Nous repoussons la vieille et vaine distinc- tion, dans une œuvre intellectuelle, entre ce qui appartient à la matière et ce qui dépend de l'esprit, entre la forme et le fond. De

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