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LE MÉTIER AU THEATRE 321

Cette absurde maxime est passée dans les mœurs du théâtre. Elle l'a avili en pronon- çant qu'un sot pût y prendre le pas sur l'homme de génie, qu'une œuvre vide pût être une œuvre bien faite. Elle a suscité les cyniques convoitises, les activités brouillonnes qui se mêlent sur la scène avec une ferveur stérile. L'artiste qui s'y fourvoie se heurte partout à l'inculture, à l'ignorance, à la légèreté, à la bassesse du caractère, à de for- midables intérêts. Et c'est avec dégoût qu'il cède la place aux " gens de métier ".

Gens de métier : les auteurs, les acteurs, les directeurs, les critiques et le public lui- même. Tout ce qui touche au théâtre est aussitôt diminué, déformé, corrompu dans son atmosphère.

Un " homme de théâtre " ne devra pas tourner son regard vers le monde, ni familiari- ser son esprit avec les sentiments et les idées. Il ne s'instruira que de théâtre. Il tiendra les yeux fixés sur le public à l'avidité duquel il se propose sans relâche, qui est à lui seul tout le théâtre, qui a manifesté son goût, une fois pour toutes, imposé des recettes, et qui veut qu'on s'y tienne.

Ce qu'on appelle " métier " n'est pas une exigence que l'auteur tient de lui-même, c'est une contrainte qui lui vient du dehors. Le

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