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LA CAPTIVE DES BORROMEES S°7

ment. J'en fus bientôt récompensé, car, au bout d'un instant, la porte s'ouvrit avec précaution et je vis paraître devant moi une jeune femme toute enveloppée dans un peignoir bleu, ses longs cheveux brillants répandus sur les épaules et les traits exactement cachés sous une ample écharpe de dentelles qui lui couvrait à la fois le visage et la tête. C'était elle ! je n'en doutai pas une seconde, et déjà m'avançant vers Délia, sans me laisser arrêter par la confusion que trahissait sa contenance : — Ah ! je vous rejoins enfin, m'écriai-je. Dieu soit loué ! Depuis deux heures passées à vous quêter partout, je commençais à désespérer de vous pouvoir délivrer à temps mon message... Je me suis promis hier, Madame, de n'épargner aucune peine pour assurer votre salut ; je vous apporte aujour- d'hui de quoi vous bien prouver la sincérité de mon propos. Pour être libre, il n'est plus désormais que de suivre de point en point les avis que je vais vous donner. Sachez donc, Madame, que ce matin, sur mon ordre, mon suivant est allé à Canobbio quérir une des grosses barques que j'y ai laissées avec mon bagage. Elle accostera cet après-midi au quai, mais sitôt la nuit venue, gagnera le petit escalier au pied des terrasses, à la pointe extrême de l'île. C'est là qu'à l'aube, il vous faut vous rendre : les hommes qui montent le bateau sont à moi, vous pouvez vous remettre entre leurs mains : ils démarreront aussitôt, et une heure plus tard vous serez en sûreté dans un lieu où il ne vous restera qu'à m'attendre. — Délia m'avait écouté sans un mot; d'un geste pudique, elle avait rassuré sur sa face l'épaisse écharpe qui me dérobait jusqu'à ses yeux. Comme elle ne répondait pas, j'en tirai qu'elle hésitait. — Eh quoi, fis-je avec vivacité, vous reculez

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