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I08 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ments de la flamme lyrique. Les stances : Consola- tion dans les Larmes^ imprégnées d'idéale mélancolie, sembleraient s'adresser à M""^ de Stein, si on ne les savait écrites en 1802 ; la même année, pour un hommage à Minna Herzlieb, le poète accepte une contrainte pour lui nouvelle, et déroule une série de dix-neuf sonnets, les seuls qu'il nous ait légués ; dix ans après, tels couplets à Christiane [Gefunden^ 18 13) ont la même fraîcheur naïve que, VEglantine inspirée jadis par Frédérique. Toutefois, pendant près de vingt ans, les poèmes graves l'emportent : maximes, professions de foi, oracles de morale et d'esthétique. A mesure qu'une vie plus monotone, et troublée par le bruit des malheurs publics, offre moins d'occasions exaltan- tes, la fantaisie du poète cherche plus souvent un appui dans des inventions étrangères, et préfère celles qui l'écartent le plus de la triste réalité : " Toutes les fois, dit-il, qu'un grand orage se formait dans le monde politique, je lançais mon imagination vers les plus lointains pays et vers le passé le plus reculé. " 11 fit avec ses contemporains la découverte de l'Orient. L'Inde pourtant lui semblait trop monstrueuse et tourmentée ; en encourageant les Schlegel à traduire Sakountala^ il ajoutait : " A vrai dire, je déteste tout ce qui est oriental. " La poésie chinoise, qu'il se réservait pour ressource extrême, était par contre trop froide et comme trop chauve à son gré. Mais chez

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