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LE LYRISME DE GŒTHE IO9

les lyriques persans, la passion mystique, la sen- sualité précise, la rhétorique des images, sont relevées et tempérées tant par la virtuosité des mètres, que par la sobriété grecque — ou bibli- que — du décor. Des traductions françaises sans couleur ni parfum ne nous font pas soupçonner l'enchantement que put exercer Hafiz à travers la géniale traduction de Hammer. Cette traduction, on peut dire que Goethe l'attendait ; au printemps de l'an 1813 elle devient sa lecture assidue ; pour en jouir plus savamment, il ne se contente pas d'étudier l'Histoire de la Poésie persane, du même Hammer ; il amasse des informations et des réfle- xions grâce auxquelles les notes du Divan Oriental- Occidental restent le meilleur guide des profanes vers les prestiges de l'Orient. Mais le Divan lui- même n'est pas oeuvre de science; cette fois encore, les livres n'eussent point remplacé la vie : pour animer ces visions lointaines, il fallait Marianne de Villemer avec sa grâce et ses caresses ; il fallait ces amours de Francfort, moins paisibles qu'on ne l'a cru longtemps, mais qui sembleraient sou- riantes et légères, si la vieillesse commencée n'y répandait la tragique ardeur d'un soleil couchant. " Le suprême caractère de la poésie orientale est ce que nous autres Allemands nous appelons r esprit (Geist): la prépondérance du principe supé- rieur et directeur. En lui toutes les autres qualités sont réunies, sans qu'une seule ressorte en récla-

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