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A ANDRÉ CHÉNIER 113

TV/, ici tu croissais sous leur chère retraite^ Eprouvant à plaisir dans ton âme secrète Une muse inconnue et ce mode nouveau Sur qui ta lyre allait former un chant si beau. Le langage sacré dont la Grèce, ta mère. Dès tes plus jeunes ans instruisit la première Ton enfance adoptée au conseil des neuf Sœurs, Tu V accordais sans peine aux sévères douceurs Que le parler français dans sa marche respire. Et, pliant ton génie à leur égal empire. Tentais de ramener par de rares détours. Cette double éloquence à rendre un seul discours. Impatient de l'heure où ton cœur magnanime Pousserait au dehors dans un élan sublime. Le mobile univers sous ton front fermenté. D'une haute et charmante audace tourmenté. Tu remuais ainsi de profondes pensées. Sur de vastes desseins à ton souffle empressées De descendre à la fois enfler ton franc pipeau.

Alors appréhendant d'un captieux appeau Leur foule effervescente et sa rumeur dorée A ton piège accompli par ta voix attirée. Tu fis entendre enfin ce mètre fortuné En un rythme profus strictement ordonné. Tu célébrais Fanny, Camille, et d'autres belles, D' être peintes par toi désormais immortelles. De Pange, et les festins où V étroite amitié Partageait tes ardeurs d'une exquise moitié.

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