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idées qui vous viennent… On la sentait (l’eau-de-vie) dans l’arrière-gorge, qui vous remontait jusqu’au palais. » Procédé dont ensuite il n’a pu se défaire, tant il lui était imposé par un instinct de sympathie. — Le père Perdrix est un vieux forgeron qu’un mal d’yeux chasse de sa forge. Tout de suite il sait que le chômage, c’est la mendicité prochaine, et la paresse ; même il sait, et c’est le pire, qu’il finira par s’y faire, par ne plus sentir la honte. Au début, il y a encore de bonnes heures : des charités supportables, du travail pas trop humiliant, et la visite des enfants, où pour une fois on mange comme des riches. Nous partageons avec Philippe les sensations, sourdement pleines de sentiment et de pensée, qu’un bon repas éveille dans la chair des pauvres : (ce lyrisme du corps, — dit bien Jules Romains — ne révèle pas une tendance matérialiste ; au contraire ; il est la reprise par l’âme d’une partie d’elle-même, qu’elle avait abandonnée à l’inconscient). Mais on n’a pas le droit de festoyer, quand on est inscrit au bureau de bienfaisance. Privé d’aumônes et de travail, vivant des « ménages » que fait la mère Perdrix, le vieux sur son banc, au soleil, étale sa fainéantise. En face de lui, son filleul Jean Bousset : un fils de charron, bien instruit, bien parti pour la fortune, s’il sait obéir à ses maîtres comme son père le lui conseille. Impérieux, prudent, économe ; le père Bousset ressemble au père Philippe, Jean Bousset