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doit être Philippe lui-même, seulement plus pur et plus fort. La première marque de sa force est, à la veille d’une grève, une brusque insolence, qui le fait renvoyer. Sans travail comme son parrain, lui, l’ingénieur de naguère, il rêve, il s’avachit, il flâne ; il quitte les siens dans un coup de colère, et se réfugie chez les Perdrix. Bientôt la vieille meurt, et Jean, muni d’un petit emploi, emmène le vieux à Paris. Voilà bien la seule force qui soit selon le cœur de Philippe : celle qui n’estime trop lourde aucune œuvre de bonté. À cette force une autre répond dans la tête grise du père Perdrix ; il va vers la mort si discrètement que Jean Bousset seul comprendra : les pauvres seuls devinent l’héroïsme des pauvres.

L’idée de pauvreté revient si constamment dans les œuvres de Philippe qu’on ne saurait, parlant de lui, ne pas la regarder en face. Il n’a bien connu que les pauvres ; il a écrit, non pour eux seulement, mais avec la volonté qu’eux aussi pussent le comprendre. Il s’est donné pour un des leurs ; il a marqué sa place parmi eux ; il est à eux ; on n’a pas le droit de le leur prendre. Je dis : aux pauvres ; je ne dis pas, et m’étonne que l’Humanité ait presque osé dire : au Parti Socialiste Unifié.

Pour un poète, ce n’est jamais une idée simple que celle de pauvreté. Il la voit malgré lui déborder sur tant d’autres qu’il ne distingue plus ses