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l82 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

année. Je possède une douzaine de ces poèmes. A quoi bon les publier, puisqu'il a détruit les autres ? On en trouvera d'ailleurs de tout pareils dans les revues belges, Stella et Y Art jeune \ Je cite trois strophes au hasard :

Le rêve dans les roses semble un peu renaître. Il n'aura jamais plus des teintes de candeur. Et ? Aube qui descend voudrait ne point peut-être Quitter les tout blancs deux et sa si nulle ardeur. . .

Mais voici que la rose ainsi quun nouveau songe Echappe le treillis du précèdent trésor. Ah ! le Dieu toujours au cœur de ton mensonge, Ce rêve qui ne sait que sourire en sa mort.

Rose mystique et blanche et Rose d'amour rose, Les jumelles du soir en ce si bel azur : A la porte d'Eden ou votre ange repose, Qui donc ira frapper si votre sein nest sûr ?

Je conviens que c'est du galimatias. Mais il faut noter qu'il ne ressemble ni aux strophes denses de Mallarmé, ni aux divagations éperdues de Ghil. C'est du galimatias per- sonnel. Et, si l'on y regarde de plus près, c'est aussi de la musique. En lisant ces vers pour l'oreille, sans s'attacher au sens des mots, on y trouve une sorte d'harmonie fluide qui n'est pas sans charme. Et l'on pense aux strophes d'Armand Silvestre, qui sont de sens plus clair, mais n'in- téressent pas davantage l'esprit. A mesure qu'il s'éloigne du lycée, Philippe assouplit sa langue, tourne et retourne les mots pour en apprendre toutes les sonorités. Dès 1895, il découvre dans Stella quelques poètes belges,

1 Stella 1894; L'Art jeune 1895-96.

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