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ENFANCE ET JEUNESSE 183

Henri van de Putte, Max Elskamp, Arthur Toisoul, qu'il sent bien plus proches de lui que Ghil et Mallarmé. Il disent des chansons simples, presque populaires ; leur langue est un peu précieuse et puérile ; l'un d'eux, Max Elskamp, chante sa Flandre natale avec le gosier clair d'un oiseau sur un arbre. Philippe apprendra d'eux la simplicité. Dans ses derniers poèmes \ il s'éloigne sensi- blement du style décadent, il s'épure et se libère. Tout doucement il revient au poème en prose, il renonce au vers, il est guéri.

Il m'écrivait, le 27 Mai 1895 : "La rime n'est qu'un artifice typographique. . . Si un mot s'impose par sa sono- rité, alors il sera plus beau encore dans une prose caden- cée où cette sonorité même le mettrait en valeur. La sonorité et l'harmonie du poème participent de l'objet, et chaque objet veut un rythme différent, parce que chaque objet produit une impression différente. Cette impression, cette émotion mettent en branle les centres nerveux, et un mouvement particulier se produit en l'être, — et ce mouvement c'est l'harmonie spéciale, musicale, poétique, qui se dégage de la chose en question... Une prose qui note ces mouvements internes que les choses produisent en les poètes, est à créer. La condition préférable pour la trouver me semble être d'écrire sous l'influence immé- diate des choses (en d'autres termes, il faut saisir l'inspi- ration aux cheveux). Alors l'être parle de lui-même, et se note tout entier. Ensuite, de sang froid, l'on se réétudie, l'on coordonne, l'on complète son travail, l'on corrige, et on a eu ainsi la vie dans son poème, et par la correction on y a la force. " — Vers la même époque, l'Allemand 1 L'Art jeune, 1896.

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