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24O LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

2.

Cêril/y, le 30 juillet 1895. l

...Et pour te parler un peu de moi, je t'annon- cerai d'abord que je ne vais pas au Soudan. Reçu dernièrement une lettre du gouverneur, me l'apprenant. Tant pis ! Mais j'aurais bien voulu un peu étirer mon ennui dans des pays moroses, et acquérir hautement la sensation de l'immense, du monotone et du triste. Je vais peut-être faire des démarches pour aller dans d'autres colonies. — Quant à mes si nombreuses autres demandes, elles sommeillent délicieusement. Rien ne s'an- nonce, et il est des jours noirs où je me demande si la destinée ne me pousse pas à la grande bohème sans une obole, à Paris. Je vais patienter jusqu'au printemps prochain. Alors, si rien n'est venu, je fuirai à Paris et je me nourrirai s'il le faut des cailloux que heurtera mon soulier. J'espérais y aller ce mois-ci, chez un notaire, un avoué, etc.. Je n'ai encore rien reçu à ce sujet, mais je commence à avoir appris la patience, et j'attends béatement tous les jours.

Je ne veux pas te déclamer toutes les idées moroses qui me viennent, je me borne à constater qu'un garçon un peu intelligent et honnête ne trouve dans cette superbe société que des pans de

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