Page:NRF 3.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tous côtés. Un enfant les eût ramassés croyant à des joujoux.

La maison de Baptiste Dumont était-elle située dans un de ces villages éloignés des villes, qui vous donnent à penser que la vie, comme une personne, a quitté celles-ci pour venir goûter au milieu des champs, de beaux sentiments simples ? Certes, pour qui ne sait pas ce qu'est un sabotier, la maison de Baptiste était l'asile de ces sabots que portent les gens des campagnes et qui, faits avec le bois de leurs noyers, sont aussi des enfants du village.

Ils l'habitaient comme d'humbles habitants, en vérité, sans complication, et lui donnaient ce que les sabots peuvent donner. Ils lui donnaient l'odeur de leur bois. La maison avait cette odeur sèche et comme résignée des arbres abattus, elle avait cette odeur précieuse qui semble être celle de leur âme et qui vous donne à penser que les arbres après leur mort gardent une odeur de sainteté. Elle sentait la feuille, elle sentait la noix, elle sentait la terre. La maison n'était alors qu'une des plus douces maisons du village de Champvallon.

Mais pour quiconque avait une fois vu travailler Baptiste, la maison était située dans un tout autre pays. Ce n'était pas l'atmosphère reposante et un peu triste du Centre de la France qui vous séduit à un certain âge et semble se proposer