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29O LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

bon pour sa convalescence ; mais il n'a déjà plus de con- naissance ; il lutte encore, mais n'est déjà plus avec nous.

Je m'approche du lit où il râle ; voici sa mère, un ami que je ne connais point, et Madame Audoux qui me reconnaît et m'accueille. Je l'emmène un instant dans le parloir.

Philippe est là depuis huit jours. La fièvre typhoïde semblait d'abord des plus bénignes ; et dans les premiers temps, de caractère si peu précis, qu'on la traitait en simple grippe. Puis, durant quelques jours, on a soigné Philippe comme on soigne aujourd'hui les typhiques ; mais le régime des bains froids est fort peu pratique dans son petit logis du quai Bourbon. Mardi soir on le trans- portait à la maison Velpeau; rien d'alarmant jusqu'à dimanche ; puis brusquement la méningite s'est déclarée ; le cœur s'affole ; il est perdu. Le Dr. Elie Faure, son ami, qui, contre tout espoir, s'obstine et jusqu'aux derniers instants prodiguera ses soins, hasarde encore de temps à autre une piqûre de spartéine ou d'huile camphrée ; l'organisme ne réagit déjà plus.

Nous retournons auprès du lit. Que de débats pourtant encore, et que ce pauvre corps souffrant se résigne diffi- cilement à mourir. Il respire très vite et très fort, très mal, comme qui ne sait plus.

Les muscles du cou et du bas du visage s'agitent ; un œil est à demi ouvert, l'autre clos. Je cours à la poste envoyer quelques dépêches ; presque aucun des amis de Philippe n'est averti.

A la maison Velpeau de nouveau. Le Dr Elie Faure tâte le pouls du malade. La pauvre mère interroge : " Comment se comporte cette fièvre ? " A travers sa

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