Page:NRF 3.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

374 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tirent pas une seule fois. Quand elles eurent passé, Pablo dit à très haute voix : " Jolies filles "; c'était ce que nous pensions tous.

Puis chacun, parlant courtement, donna son opinion. En général, la plus jeune des deux sœurs, celle qui avait sur le dos une épaisse queue de cheveux noirs noués en papillon d'un large ruban bleu, la " petite " fut jugée insignifiante, ou du moins trop jeune (douze, treize ans, peut-être) pour être digne de notre attention : nous étions de tels hommes !

Mais, l'aînée ! nous ne trouvions pas de mots pour exprimer sa beauté ; ou plutôt, nous ne trouvions que des paroles banales qui n'exprimaient rien du tout ; des vers de madrigaux : yeux de velours, rameau fleuri, etc. Sa taille de seize ans avait, à la fois, tant de souplesse et de fermeté ; et ses hanches, au bas de cette taille, n'étaient- elles pas comparables à une guirlande triomphale ? Et cette démarche assurée, cadencée, montrant que cette créature éblouissante avait conscience d'orner le monde où elle marchait... Vraiment, elle faisait penser à tous les bonheurs de la vie.

— Et elle est chaussée, habillée et coiffée à la dernière mode, conclut Demoisel, un grand nègre de dix-huit ans, une brute, qui avait coutume d'affirmer, sans vouloir s'expliquer mieux, que sa propre mère était " Pahisienne de Pahis ", et la reine du bon ton à Port-au-Prince.

��II.

��Maintenant, il nous fallait des renseignements précis ; nous n'allions certes pas nous asseoir à l'écart, en écoliers

�� �