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ber le long de la rigole du chemin ; certaines heurtaient le sol avec le bruit du papier qu’on froisse ; d’autres dégringolaient bruyamment de branche en branche, et s’arrêtaient soudain, accrochées par les doigts contractés des rameaux.

Ah ! les vacances étaient bien mortes ! Tout attestait leur trépas : le jardin dévasté, les carreaux de la serre, aveuglés sous le poids des paillassons, et ne donnant qu’une lumière de nécropole : on n’osait plus venir se cacher là, tant on y sentait peser le sommeil et l’oubli.

La nature, notre fidèle amie, se retournait contre nous, nous traquait jusque dans nos plus doux retranchements, nous accablait de toute la pesanteur de son humide solitude. Où fuir ?

Courrait-on se réfugier dans l’orangerie, une forêt de lauriers y avait poussé et les caisses d’orangers se touchaient toutes. Il y avait encore de bonnes odeurs, mais ni l’air ni le soleil ne jouaient plus à travers ces nobles arbustes ; ils demeuraient tristement blottis les uns contre les autres, comme des choses en conserve. On avait creusé de grands trous dans le potager. Était-ce pour y enterrer notre joie avec les gros bras frisés des cardons soigneusement gantés de paille ?

La grange était déserte. Un lourd parfum de mou et de marc s’y attardait, comme pour nous rendre plus cuisant le souvenir des bruyantes vendanges, plus aigu le regret des fameux efforts