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NOTES

LA VAGUE ROUGE, par J.-H. Rosny l’Aîné.

« Roman de mœurs révolutionnaires — Les Syndicats et l’antimilitarisme. » — Ce sous-titre explicatif, sans doute utile pour attirer le grand public, ne risque pas de nous égarer : de la part d’un Rosny, nous ne pouvons craindre une fiction didactique ou morale, une thèse rendue plausible par un choix arbitraire de personnages ou d’événements. Ce n’est pas d’hier que l’auteur du Bilatéral étudie les mouvements sociaux ; et pour philosopher l’auteur du Pluralisme n’a pas attendu de fréquenter les philosophes. L’imagination la plus foisonnante, l’intelligence la plus lucide, chez lui ne se contrarient point, mais plutôt travaillent ensemble au bel équilibre de ses inventions. Il comprendrait moins bien les théories, s’il n’imaginait fortement les besoins d’où elles émanent et les actes où elles tendent ; mais sans l’exacte compréhension des théories, il ne se formerait pas une vision si exacte d’une scène de propagande syndicaliste, d’une grève ou d’une émeute. Il ne fallait pas moins que ce double don pour peindre avec vraisemblance le syndicaliste jaune, l’apôtre de la C. G. T., plusieurs types de patrons, et les caractères si différents qui pour des yeux mal prévenus se confondent dans l’unité d’une foule ouvrière. Rosny a sur Paul Adam cette grande supériorité, de ne rien écrire qu’il ne connaisse bien ; et sur Bourget cet avantage d’être impartial sans nul effort. La rivalité amoureuse du patron et de l’ouvrier, dans la Barricade, embrouillait l’action ; dans la Vague Rouge, elle l’éclaire et la concentre. Ce n’est pas seulement parce qu’un long récit se prête mieux qu’une pièce de théâtre à des explications ménagées ; c’est que l’épisode, ici, tient au sujet par de plus profondes racines. Les