Page:NRF 3.djvu/687

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 677

La lutte et ses périls font se tendre mon corps, Vers le toujours vivace et renaissant effort, Et je ne puis songer à limiter mes gestes Aux seuls gestes qu'ont fait les morts.

(La Prière.) H. G.

LE TRUST, par Paul Adam.

Le Trust est peut-être le roman le plus représentatif de Paul Adam, celui où il a mis le plus de soi, de sa philosophie en même temps optimiste et pessimiste, de ses qualités et de ses défauts. Jusque vers sa quarantième année, un artiste est presque timide, il recule devant lui-même, il tâtonne, il a peur de son originalité, il la mélange parfois d'influences étrangères, puis, il s'enhardit peu à peu, et enfin, il se révèle entièrement. Le Trust est le type même du roman tel que M. Paul Adam le conçoit. Tout le préparait à celui-ci, son goût des foules, ce besoin de sentir leur grouillement, quinze années de journalisme hâtif qui l'ont amené à se créer une vision synthétique de l'univers, son amour de la force, son sens des questions d'argent, ses rêves de conquête, ses théories sur l'interpsychologie. Ces éléments divers devaient fatalement se combiner en lui, s'amalgamer, faire ce précipité qui est le Trust. C'est un roman rapide, brûlant, qui court à travers l'univers, à travers les races, à travers les idées, tumultueux, engorgé, puissant. M. Paul Adam ne se sert pas du roman comme s'en est servi Dickens, pour la joie unique de créer des êtres, de faire vivre une humanité plus complète, plus vraie, plus absolue que celle que nous coudoyons journel- lement, il ne s'en sert pas, comme Balzac, pour pousser un caractère à ses derniers retranchements, le harceler jusqu'à ce qu'il devienne une des figures les plus accomplies de notre espèce, qu'il se résume tout entier dans un geste ou dans un mot prodigieux qui le montrent d'un seul dessin et qu'il se contracte en une sorte de monstre ou de dieu, également beaux, il ne s'en sert pas, comme Thackeray, pour représenter

�� �