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NOTES 679

aurait ses soupapes de sûreté dans la volupté et dans l'instinct et qui, hors de là, reprendrait son aspect de moteurs alimentés par des théories. Et malgré son amour du luxe et de l'effort, cette humanité n'est pas heureuse ; elle est puissante, elle est vigoureuse, et pourtant quelque chose lui manque, je ne sais quoi de libre et de spontané. Aussi, lorsque les deux protago- nistes du livre découvrent une momie, sont-ils frappés de la ressemblance de son expression avec la leur, devant l'universel Néant. Toutes les idées, toutes les réussites de M. Paul Adam sont dans Le Trust, plus encore que dans La Force, que dans Le Mystère des Foules, mais ce livre fort, ce livre vivant, nous donne l'impression d'évoquer un monde de damnés, parce que le travail moderne, le travail forcené qu'il dépeint avec un ardent lyrisme impose, plus qu'aucun autre, l'impression du châtiment.

��E. J.

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��DERNIERS REFUGES, par Jeanne Termier— Préface de Léon Bloy. (Bernard Grasset, éditeur).

" La Mort, notre très précieux patrimoine, " a dit Paul Claudel.

Il semble que cette jeune fille, l'auteur des Derniers Refuges, n'ait pas reçu d'autre héritage. Dès ses premiers pas sur la terre, elle a découvert cette mystérieuse porte noire; et elle s'est assise au coin de cette porte, comme une mendiante qui attend.

Elle n'a pas même regardé le monde. C'est à peine si ses poèmes jettent de loin en loin, comme des trains qui passent, une lueur blafarde sur les "gares" et les "auberges". Elle n'a trouvé sur la terre que misère, et, tout de suite, c'est auprès de Dieu qu'elle a choisi son refuge. Le monde, tel que le décrit son livre, me fait penser à cette épicerie moisie qu'il y avait à la porte de l'église dans le village de mon enfance : une femme austère rangeait, à l'étalage, des choses obscures et poussiéreuses qui ne donnaient point de tentation.

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