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682 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

parce qu'est mort Tristan. On accepte à la rigueur que M Ue Angèle devienne folle parce que son patron l'est devenu. Mais que ce soit précisément d'une même folie si particulière, voilà qui est demander beaucoup à la crédulité la mieux disposée. D'où vient que l'on accorde beaucoup plus à Shakespeare et si facilement ? Ne serait-ce pas que le fantastique est ce qu'un auteur français atteint le plus malaisément ? Le mystère y manque. Le fantastique n'est chez nous qu'une outrance qui n'échappe pas à la raison.

J. S.

��L'EXPOSITION DE LA LIBRE ESTHETIQUE, à

Bruxelles.

Chassagnol, le personnage de Manette Salomon que les Goncourt avaient inventé pour leur servir de porte-parole, dit quelque part que les seuls grands peintres du XIX e siècle sont les paysagistes. Peut-être les paysagistes ont-ils un peu abusé de ces lettres de noblesse que contresignait d'ailleurs Thoré-Burger. Ils ont infecté l'art tout entier de ce réalisme étroit, qui ne demande au peintre que de faire ressemblant, qui s'accommodant à merveille de l'appauvrissement de l'ima- gination décorative, ravale la peinture au rang de la photogra- phie et vise à en éliminer cette part d'interprétation person- nelle et de généralisation stylisée qui en constitue tout l'intérêt. Pourtant, qui nierait que c'est de leur effort vers l'interprétation lumineuse et sincère de la nature que nous avons dû d'échapper à l'ennui d'un art académique et archéologique, où la grande peinture romantique s'embour- geoisait. Ce sont leurs recherches qui ont déterminé le mou- vement impressionniste.

C'est ce que l'exposition de la Libre Esthétique, à Bruxelles, démontre à merveille. Cette société, que M. Octave Maus dirige et centralise, prend volontiers depuis quelques années un certain tour pédagogique. Elle forme des ensembles, elle raconte, elle instruit, elle établit des filiations : c'est fort inté- ressant.

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