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LES CONQUÉRANTS 705

Dans un pays aux espoirs usés Sur un vieux sol depuis longtemps Voué aux hommes gais et tristes, S'en vint un jour ce conquérant Ivre de conquête belle et sensible.

Il connut cette terre avec lenteur,

Inlassable il y chemina

Traçant sa voie devant ses pas, comme on laboure.

Son parcours fut un seul sillon Replié cent fois sur lui-même Et se longeant lui-même cent fois, Tenace, jusqu'à posséder Tout le territoire.

��Or les vagabonds qu'il dépassa Comme des chiens rudes l'aimèrent.

��Or d'une tendresse gauche et simple Les villages simples l'aimèrent.

Or avec leurs vagues lourdes Et leurs voix grosses de sanglots Et leurs clameurs en fumées vastes Et leur joie énorme et enfantine, Les villes fébriles et pâles l'aimèrent.

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