Page:NRF 5.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 159

que, dispersant enfin la peinture sur l'anecdotique et l'acces- soire, au lieu d'aborder de front ses personnages, de concentrer sur eux la lumière, de nous les faire connaître, d'enrichir leur existence intime, de multiplier entre eux les rapports secrets et pathétiques. Trop de description, trop de spectacle ! On peut créer une atmosphère palpitante par des moyens directs, par des moyens psychologiques. En abusant des signes, en accumulant les intermédiaires, on nous éloigne du drame au lieu de nous en approcher, on fatigue, on détourne notre émo- tion. Est-il donc besoin d'un semblable appareil pour élever, comme c'est le dessein de M Bouhélier, une humble réalité à la dignité poétique ?

Disons-le, cependant : M. de Bouhélier, dans son œuvre dramatique, ne nous avait rien donné d'égal à cette scène du deuxième acte, entre la pécheresse moribonde et sa fille. Elle est belle. Elle eût été tout à fait admirable, si l'auteur dispo- sait d'une langue plus pure, plus surveillée, plus personnelle. Elle est émouvante. Nous nous fussions peut-être laissés aller à l'enthousiasme si, depuis le commencement du spectacle, M. de Bouhélier n'avait indiscrètement disposé de nos nerfs par les procédés les moins acceptables, s'il ne nous avait pour ainsi dire exaspérés en troublant — avec quelle gratuite insis- tance ! — les plus touchantes péripéties, d'apparitions sau- grenues et de vacarmes symboliques.

Le Carnaval des Enfants a été servi par une interprétation excellente. Avec un goût très sûr, une intelligence minutieuse M. Maxime Dethomas a habillé la pièce de décors parfaite- ment appropriés. M. Durée en a réglé la mise en scène avec une sobriété expressive. Ce spectacle d'ouverture fait le plus grand honneur à la nouvelle direction du Théâtre des Arts.

J. C.

�� �