ISABELLE 291
— Pourquoi n'est-elle pas ici ?
— Elle s'ennuie ici.
— Et ton papa?
Un peu confusément, baissant la tête et comme hon- teux, il répondit :
— Mon papa est mort.
Mes questions l'importunaient ; mais j'étais résolu à pousser plus avant.
— Elle vient bien te voir quelquefois, ta maman ?
— Oh ! oui, souvent ! dit-il avec conviction, en rele- vant soudain la tête. Il ajouta un peu plus bas :
— Elle vient causer avec ma tante.
— Mais avec toi, elle cause bien aussi ?
— Oh ! moi, je ne sais pas lui parler... Et puis, quand elle vient, je suis couché.
— Couché !
— Oui, elle vient la nuit... puis cédant à sa confiance (il avait pris ma main, car j'avais reposé le portrait) tendrement et comme en secret :
— La dernière fois elle est venue m'embrasser dans mon lit.
— Elle ne t'embrasse donc pas d'ordinaire r
— Oh ! si beaucoup.
— Alors pourquoi dis-tu *' la dernière fois. "
— Parce qu'elle pleurait.
— Elle était avec ta tante ?
— Non ; elle était entrée toute seule dans le noir ; elle croyait que je dormais.
— Elle t'a réveillé.
— Oh ! je ne dormais pas. Je l'attendais.
— Tu savais donc qu'elle était là.
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