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406 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��Elle pousse la porte du jardin qui donne sur la route royale, et s'arrête. Elle est pâle comme la chaleur. Telle qu'une lionne endormie qui bâille aux premiers coups de fouet du dompteur, la paresse de la sieste s'étire encore en elle. Cepen- dant l'Amour, dans l'unique rue pleine d'une odeur de confiture, sent la prune recuite et les guêpes volant autour du chaudron ; l'air brûlant lui colle au visage comme un masque ; il marche lentement, et ses regards pèsent sur les fleurs comme le papillon laineux au bord du volubilis.

C'est l'heure lourde. Le sang remplit le corps entier, noyant tout rêve et toute pensée dans sa mare bourdonnante. Que veux-tu faire ^ Va, rentre et dors ; peut-être qu'à ton réveil le soir sera venu, le long crépuscule pur et sain, la grande clairière fraîche comme une église...

��Son nom est comme un nom d'église ; il suifit de le prononcer pour entrer dans un autre monde.

��Peut-être que la rue est pleine de jurons, de cris comme un sarment qui craque. Mais je sais maintenant des paroles plus douces que le raisin fané qu'on retrouve à Noël pendu contre les soli-

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