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DÉFENSE DE LA LANGUE ALLEMANDE 427

en tant que langue un " odieux jargon ", et dans une variante si grossière que je ne la cite que par nécessité : " cette langue misérable ".

Les affirmations de Gœthe qui remontent au voyage d'Italie n'ont guère qu'un intérêt historique, car c'est du désespoir même de Gœthe — et, je le crois, sans influence sensible du français — qu'est sorti notre allemand moderne, qu'ont été créées de nouvelles possibilités pour notre ancien allemand. Dans sa vieillesse, Gœthe faisait peu de cas de la langue française, en particulier de sa syntaxe, si affaiblie, si énervée qu'il ne la croyait pas capable de supporter une traduction de son Faust ; à moins, pensait-il, qu'on ne remontât au français indompté d'avant le grand siècle, que les conventions n'ont pas encore ligotté. ^

Que pèsent, en regard, le souhait des dernières années de Nietzsche et l'animosité, trop bien fon- dée, de son Ecce Homo ?

Il est certain que nous en arriverons à de nouvelles conventions de langage, dans la mesure où notre monde spirituel se consolidera, où nos concepts et nos institutions, nos formes de vie et de pensée formeront de solides assises. Nous sommes heureux de nous laisser instruire par le français, comme nous l'avons été précédamment

' En vrai Français, son interlocuteur Victor Cousin ne vit dans ces paroles qu'une exhortation à l'archaïsme, c'est-à-dire à une nouvelle convention... (28, IV, 1825).

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