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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 523

traditionnaliste pour les autres. Comme citoyen français et hôte de Grasse, je déplore le succès des radicaux ; comme homme privé, je le pressens.

Madame Brun. — C'est du propre.

Madame Charras, effrayée du tour que prend la con- versation. — Oh ! moi, radicaux, socialistes, anarchistes, centre gauche, tout cela, c'est de l'hébreu pour moi. Laissons ces questions aux messieurs.

Madame Brun. — Ils font semblant de les com- prendre ; au fond, ils n'en savent pas plus que vous, ma chère.

Madame Charras, aimable malgré tout. — Alors, ils ne savent pas grand'chose, parce que, moi...

Mademoiselle Cazagnairk. — Le dernier sermon de l'abbé Valentin résumait bien toutes ces questions, et je trouve que ce n'est pas la peine d'essayer d'aller plus loin. " La politique comme on l'entend aujourd'hui, disait-il, c'est une invention du démon. L'Eglise seule pouvait faire du socialisme quelque chose d'utile. On ne lui en a pas laissé le temps."

Madame Charras, respectueuse. — Ah ! c'est très beau, cela, très édifiant. Mais cet abbé Valentin a un style, une onction...

Madame Brun. — C'est cependant le fils d'un paysan de Mouans-Sartoux... Il ne peut pas renier ses origines.

Madame Charras. — On ne le dirait pas. Il possède un chic, une prestance !... Tout à fait l'étoffé d'un grand prélat.

Madame Brun, impitoyable. — Hum ! On ne le dirait pas ?... si on n'observe rien. Cet homme-là ne sait

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