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50 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

à mi-cuisse ; sur le devant du pied, l'étofFe retombait en nombreux plis, mais par derrière restait au dessus de la chaussure, suspendue à l'aide de je ne sais quel artifice ; je ne l'écoutais plus que d'une oreille distraite, l'esprit engourdi par la molle tiédeur de l'air et par une sorte de torpeur végétale. En suivant une allée de très hauts mar- ronniers qui formaient voûte au dessus de nos têtes, nous étions parvenus presque à l'extrémité du parc. Là, protégé contre le soleil par un buisson d'arbres-à-plumes, se trou- vait un banc où Monsieur Floche m'invita à m'asseoir. Puis tout-à-coup :

— L'abbé Santal vousa-t-il dit que mon beau-frère est un peu ?... Il n'acheva pas, mais se toucha le front de l'index.

Je fus trop interloqué pour pouvoir trouver rien à répondre. Il continua :

— Oui, le baron de Saint-Auréol, mon beau-frère ; l'abbé ne vous l'a peut-être pas dit plus qu'à moi... mais je sais néanmoins qu'il le pense ; et je le pense aussi... Et de moi, l'abbé ne vous a pas dit que j'étais un peu?...

— Oh ! Monsieur Floche, comment pouvez-vous croire ?...

— Mais, mon jeune ami, dit-il en me tapant familière- ment sur la main, je trouverais cela tout naturel. Que voulez-vous ? nous avons pris ici des habitudes, à nous enfermer loin du monde un peu... en dehors de la circu- lation. Rien n'apporte ici de... diversion ; comment dirais- je ?... oui. Vous êtes bien aimable d'être venu nous voir — et comme j'essayais un geste : — je le répète : bien aimable, et je le récrirai ce soir à mon excellent ami Des- nos ; mais vous vous aviseriez de me raconter ce qui vous tient au coeur, les questions qui vous troublent, les pro-

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