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rosaires, des chaises remuées. J'avançais ; et alors je la vis dans sa grotte resplendissante qu'éclaire un jaune vitrail où le soleil semble capturé, accumulé. Elle est là, marbre onctueux, reluisant, poli, enduit semble-t-il de cette huile parfumée où se baignait Esther.

Abattue sur les nuées, enchaînée à son Dieu par le lien d'une ineffable volupté, la sainte a les mains ouvertes, elle lâche le monde, ne tient plus rien, attend tout de lui. Et il prend en pitié sa favorite, il répond à l'attente éperdue, à la royale mendicité de ce confiant, de ce violent visage : dépêché par lui, un ange gracieux, curieux, habile, dirige vers ce cœur bouleversé sa flèche d'or.

O promesse de délivrance !

Et dans cette église d'Italie, comme ensuite dans une église d'Espagne, je me souvins du cri ardent que Swinburne prête à Phèdre défaillante : "Viens, prends ton épée et tue, ne me laisse pas périr de faim entre le désir et la mort !"