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NOTES 139

surtout décorative, qu'il s'est faite de la peinture, jeu de teintes et d'arabesques, n'a jamais desséché la fraîche source de son émotion. Il aime les objets en tant qu'éléments d'art, mais aussi, plus profondément, pour eux-mêmes, et le problème se posait devant lui de concilier ces tendances. Certes il avait déjà obtenu une sorte d'équilibre entre l'art et la vie, entre la tache de couleur et l'objet même, mais peut-être fortuite- ment. Il semble que la présente exposition chez Druet, d'un très grand nombre de ses plus récents ouvrages, marque un pas décisif dans sa difi&cile démarche et qu'elle renferme la solution. Cette grâce anecdotique analogue à celle de Jammes qui animait les toutes premières images où il représentait ingénument les boutiques, les rues, les champs des plus modestes campagnes, ne la croyez pas perdue. La période des natures mortes d'apparat où le souci décoratif domine, aux dépens de lintimité, n'aura été que passagère : exercices de composition à priori. Voici les derniers paysages, mise en œuvre consciente, volontaire, sa\'ante des plus rares émotions. La fidélité de l'artiste à reproduire la nature ne l'empêche plus de la recomposer. C'est tout un printemps à lui qu'il sus- cite, avec les pierres moussues les globes de feuillage, les fleurs semées, dont son cœur sans cesse est ravi et que son œil choisit, ordonne. La terrasse, les pêchers en fleurs, le perron, ont un noble balancement ; à côté du discret recueillement des œuvres justes, j'y vois une nouvelle ampleur. Peintures grises et pourtant claires, sans tapage, pleines d'un art déhcat et modeste, elles gagneront à être fréquentées. Elles habiteront bien les chambres où notre vie se passe, la vie qu'elles épu- rent sans la trahir.

H. G.

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